Suzanne Belperron : les amis prestigieux d’une créatrice iconique
Suzanne Belperron : les amis prestigieux d’une créatrice iconique
Dans l’univers feutré de la haute joaillerie du XXᵉ siècle, rares sont les créateurs qui peuvent se targuer d’avoir séduit à la fois les élites mondaines, les avant-gardes artistiques et les grandes figures de la mode. Suzanne Belperron est de ceux-là. À travers ses créations audacieuses, elle a su nouer des liens étroits avec une clientèle prestigieuse, reflet de son esprit libre et novateur.
Une élite artistique conquise par son style
Dès les années 1930, Suzanne Belperron attire autour d’elle des personnalités qui font l’histoire de l’art et de la culture. Parmi elles, Jean Cocteau, poète et esthète, séduit par l’élégance non conventionnelle de ses bijoux. Elsa Schiaparelli, couturière surréaliste, partage avec Belperron le goût de la rupture esthétique. La photographe Dora Maar, muse de Picasso, arbore avec fierté ses pièces puissantes et organiques. Ces figures, toutes différentes, sont unies par une fascination commune : celle de l’indépendance créative de Suzanne Belperron.
Les aristocrates du monde et de l’esprit
Au-delà des artistes, c’est aussi la haute société qui se presse chez Belperron. La duchesse de Windsor, célèbre pour son goût impeccable, fait partie de ses fidèles clientes. Tout comme Daisy Fellowes, héritière et Diana Vreeland éditrice de mode chez Harper’s Bazaar, qui incarne à merveille ce mélange de raffinement et de provocation typique des années 1930.
Ces relations vont bien au-delà d’une simple transaction commerciale. Belperron développe avec ses clientes une véritable complicité. Elle sait écouter, observer, comprendre ce qui rend chaque femme unique, afin de concevoir un bijou qui en soit le prolongement naturel.
Diana Vreeland, muse intemporelle
Figure majeure de l’histoire de la mode du XXe siècle, Diana Vreeland est l’une des amies les plus fidèles de Suzanne Belperron. Née à Paris en 1903 d’une mère américaine et d’un père anglais, elle grandit entre la France et les États-Unis. Après s’être installée à New York, elle se marie en 1924 et commence une carrière dans la mode. Rédactrice en chef de la mode chez Harper’s Bazaar de 1937 à 1962, puis directrice de Vogue US jusqu’en 1972, elle impose une vision audacieuse du style.
Fascinée par les bijoux de Belperron, qu’elle considère comme des objets reflétant la personnalité de celle qui les porte, elle possède une bague iconique en calcédoine bleue, surmontée d’un saphir cabochon ovale.
Ce bijou, non identifié à l’époque, symbolise à lui seul son attachement à la créatrice. Il figurait parmi les 184 lots mis en vente chez Sotheby’s en 1987, lors d’une vente emblématique de ses bijoux de couture.
Diana Vreeland apparaît également sur de nombreuses photographies, parée de pièces signées Belperron, comme ce bracelet en cristal de roche, platine et palladium pavé de diamants, qu’elle portait avec une robe Elsa Schiaparelli à l’El Morocco.
Un lien avec la presse de mode
Dans les archives de Suzanne Belperron, figurent de nombreuses pages découpées de magazines de mode Vogue français, anglais, américain et Harper’s Bazaar témoignant de son attention à l’image que ses créations renvoyaient dans la presse. Cette documentation révèle combien la créatrice surveillait sa représentation publique, sans jamais céder aux sirènes de la publicité.
Les dessins de Valentine Hugo
Amie intime de Jean Cocteau, Paul Éluard et André Breton, la peintre Valentine Hugo est aussi proche de Suzanne Belperron. Elle réalise en 1936 un dessin emblématique, publié dans Harper’s Bazaar, où l’on découvre des pièces conçues « by Mme Belperron of Herz », dont certaines destinées à la duchesse de Windsor : broche, boucles d’oreilles, et l’ébauche d’un collier inspiré des Indes, qui préfigure certaines des œuvres majeures de la créatrice.
Des créations précieuses et audacieuses
On compte aussi parmi les pièces marquantes de cette époque une bague en or jaune ornée d’un béryl rose, sertie de tourmalines, grenats, rubis et saphirs roses en nid d’abeilles, portant le poinçon de Groëné et Darde. Cette approche vibrante et colorée de la joaillerie est typique du style Belperron : raffiné, mais toujours inattendu.
Un héritage vivant
Aujourd’hui encore, les archives et témoignages de ces personnalités révèlent l’ampleur de cette constellation d’amitiés, aussi précieuses que les gemmes qu’elle montait. Elles sont les gardiennes d’un héritage où le raffinement se conjugue à l’audace, et où la joaillerie devient le miroir d’un lien humain fort et sincère.