Bijoux des années 30 : La mode des broches à pinces simple ou double

La mode des années 1930-1940 favorise la création du bijou le plus caractéristique de l’époque, le clip, simple ou double. De l’anglais « clip » signifiant « pince » ou « attache », clip comme le bruit que l’on entend quand on le ferme. C’est le bijou qui se retrouve dans toutes les collections des grands joailliers. 


Une infinité d’utilisations


Comme le souligne Vogue d’août 1936 : « La façon d’utiliser les clips par exemple est infinie : un ou deux seront disposés en diagonale le long d’une fermeture oblique, devant ou dans le dos. Plusieurs seront groupés devant sur la ceinture. Deux, posés en sens inverse, retiennent une épaulette. Un seul, coulant, accroche un mouchoir. »


Suzanne Belperron apprécie particulièrement les doubles clips. Ceux qu’elle conçoit sont spectaculaires de par leur dimension. Ils peuvent soit être portés séparément, soit être fixés l’un à l’autre grâce à un système d’attaches invisibles. Certains réalisés en cristal de roche rehaussé de diamants ont une forme de triangle renversé, surmonté d’un bandeau orné de godrons accolés et pavés de diamants dans une version, ou d’une ligne de diamants de taille ancienne dans une autre. Ses clips, simples ou doubles, peuvent aussi se fixer sur un bracelet. Un important motif amovible en forme d’escargot stylisé, selon les caprices du jour, constitue l’ornement d’un bracelet où est agrafé en broche sur le vêtement. Ailleurs, c’est un double clip en cristal de roche et diamants.


Technique et imagination de Suzanne Belperron


Il est arrivé que Suzanne Belperron imagine des bijoux articulés, des fleurs ou des papillons. Les élégantes agrémentent leurs tenues de broches Fleurs, vibrant joliment à chaque mouvement. Citons une broche-clip, Fleur entièrement articulée, aux pétales en or et pistil de diamant ; une broche articulée, créé vers 1935, en agate blonde et blanche, au pistil orné d’un diamant taille ancienne, entouré de

cabochons de corail, sur tige en diamants montés en or et platine. Collection inépuisable de variations florales se prêtant aux fantaisies de leur propriétaire, mais aussi modèles inspirés du monde des insectes, tels les papillons aux ailes mobiles

qu’affectionne Suzanne Belperron. Ces bijoux ne reflètent que partiellement son œuvre.


Les premières oppositions au style Belperron 


Dans l’article « Broches et bracelets, bijoux de gants » paru dans Vogue en mars 1935, le journaliste oppose les tendances chez les joailliers. Il compare le style souple au « style rigide » de Suzanne Belperron. Grâce à la perfection et

aux prouesses techniques, écrit-il, les bijoux à monture souple si délicats peuvent rivaliser avec un pan d’étoffe froissé. Sont donnés en exemple un bracelet de Cartier qui ressemble à un ruban, enroulé autour du poignet et retenu par un nœud fait de

deux boucles passant l’une dans l’autre, un collier de Boucheron réalisé en platine et diamants, triomphe de souplesse, de légèreté et de flexibilité, un clip de Mauboussin, agrafé sur le bord d’un décolleté, évoquant un ruban ou un feston. Il oppose à ces bijoux le « massif ensemble » d’une parure en agate et améthyste de Suzanne Belperron. Cependant, le journaliste ne peut s’empêcher d’admirer le bracelet dont le double anneau d’agate taillé d’une seule pièce est ponctué d’un cabochon d’améthyste.

Olivier Baroin